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LÉSIONS CUTANÉES  
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Éruptions  
Objectifs  
Repérer les causes graves d’éruption cutanée.  
Définition  
Une éruption se définit par l’apparition de novo sur la peau de toute lésion  
visible. Les éruptions cutanées sont souvent à rapporter à des maladies de  
la peau. Elles peuvent néanmoins s’intégrer dans le tableau d’une maladie  
infectieuse bactérienne ou virale, d’une maladie générale, ou être induites  
par un médicament (toxidermie).  
Principales lésions élémentaires de la peau  
Érythème Nom générique donné à une série d’affections cutanées qui ont pour  
caractère clinique commun une rougeur plus ou moins intense des  
téguments, disparaissant momentanément à la pression  
Il correspond à une vasodilatation des vaisseaux cutanés superï¬?ciels  
L’exanthème est un érythème diffus qui peut s’accompagner d’atteinte  
muqueuse, ou énanthème  
Macule Tache rouge, de dimension variable, sans relief, disparaissant  
momentanément à la pression  
Papule Lésion circonscrite, en relief, solide, de forme variable (conique,  
hémisphérique), de dimension variable (d’un grain de millet à une  
lentille), de couleur rose, rouge ou plus rarement brune, formée par  
une inï¬?ltration de la couche superï¬?cielle du derme  
Vésicule Petit soulèvement circonscrit de l’épiderme, généralement rond,  
contenant un liquide clair, quelquefois louche, jaunâtre ou teinté de  
sang  
Sa dimension varie de celle d’une pointe d’épingle à celle d’un gros  
pois (1 à 3 mm)  
Bulle  
La bulle n’est qu’une grosse vésicule  
Pustule Collection en relief purulente d’emblée, contenant une sérosité louche  
ou du pus franc  
Il ne faut pas les confondre avec des vésicules surinfectées  
secondairement  
Purpura Tache rouge punctiforme ou lenticulaire, ne disparaissant pas à la  
vitropression, résultant de l’issue dans le derme d’hématies hors des  
vaisseaux  
Nodule Inï¬?ltrat cellulaire dermique ou hypodermique repoussant l’épiderme  
perçu à la palpation comme une masse ferme enchâssée dans la peau  
La peau de recouvrement peut être normale ou érythémateuse  
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Éruptions  
Les principales urgences dermatologiques concernent les dermatoses bul-  
leuses (syndrome de Lyell, syndrome de Stevens-Johnson, pemphygoïde  
bulleuse), les infections graves à herpès virus (syndrome de Kaposi-Julius-  
berg), les érysipèles et cellulites nécrosantes, l’érythrodermie, l’épidermo-  
lyse staphylococcique, les manifestations cutanées évocatrices d’une  
affection systémique grave (septicémie, maladie de système, hémopathie).  
Parmi les étiologies, certaines constituent des urgences thérapeutiques :  
syndrome de Kawasaki chez les nourrissons, la primo-infection par le VIH,  
le syndrome de choc toxique staphylococcique, le purpura fulminans et  
autres septicémies.  
Les étiologies sont multiples et parfois non retrouvées ; il n’existe pas de  
correspondance stricte entre un type d’éruption et une étiologie.  
Premiers gestes – Questions à l’entourage  
â?š
Évaluation clinique  
•
–
Description des lésions :  
Étendue et nombre des lésions : une dermatose étendue ou constituée  
de nombreux éléments peuvent être à l’origine d’un syndrome de  
détresse cutanée aiguë ; il associe, à des degrés divers, des anomalies  
hydroélectrolytiques et protéiques, métaboliques, hémodynamiques,  
thermiques, nutritionnelles et immunologiques.  
–
–
Aspect : infection, purpura, nécrose, crépitation (emphysème sous-  
cutané), bulles avec un décollement cutané important. Certaines der-  
matoses bulleuses mettent rapidement en jeu le pronostic vital (syn-  
drome de Lyell et syndrome de Stevens-Johnson).  
Odeur : nauséabonde, faisant suspecter la présence de germes anaéro-  
bies.  
–
•
Rapidité de l’extension.  
Signes d’accompagnement ou de gravité :  
–
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–
Altération de l’état général : teint terreux, anorexie, troubles digestifs,  
ictère.  
Signes de réaction allergique sévère : atteinte des voies aériennes supé-  
rieures, bronchospasme, signe de choc anaphylactique.  
Signes de choc par sepsis ou hypovolémie secondaire aux pertes cuta-  
nées : tachycardie, hypotension artérielle, désorientation, torpeur, agi-  
tation, polypnée, marbrures, oligurie.  
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La température peut être apparemment normale chez ces patients dont  
la thermorégulation est altérée.  
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•
Paramètres vitaux. Devant toute éruption, même si celle-ci semble  
modérée et limitée, des gestes simples permettent une évaluation  
rapide du patient :  
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Neurologique : conscience, comportement.  
Ventilation : fréquence et régularité respiratoire, coloration cutanéo-  
muqueuse, oxymétrie.  
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Hémodynamique : fréquence et régularité cardiaque, PA, signes péri-  
phériques de choc.  
Signes généraux : température corporelle, frissons, état général.  
â?š
Interrogatoire  
•
Délai et circonstances d’apparition de l’éruption, dont la notion de con-  
tage et de contexte épidémique, évolution.  
•
•
Signes d’accompagnement : fièvre, frissons, syndrome grippal, angine,  
catarrhe oculo-respiratoire, vomissements, altération de l’état général,  
douleur.  
Terrain : allergie, diabète, immunodépression, atopie, nourrisson, per-  
sonnes âgées.  
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•
Mode de vie : précarité, profession, voyage récent.  
Traitements et prise de médicaments hors traitement dans les 10 jours  
précédant l’éruption (automédication par Aspirine, AINS, antibiotique,  
corticothérapie…).  
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Premiers gestes  
Ils seront fonction de l’existence ou non de signes de gravité.  
Prise en charge – Bilans, traitement  
Devant une dermatose grave, il faut éviter de :  
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poser une voie veineuse en peau lésée ;  
appliquer des électrodes d’ECG et autres adhésifs sur une peau  
décollable.  
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Au niveau de la lésion cutanée, il peut être réalisé sur les sites infectés :  
des prélèvements cutanés de pus par écouvillonnage ou ponction de  
pustules ou de vésicules infectées ;  
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les soins locaux par trempage ou nettoyage avec antiseptiques (en évi-  
tant chez l’enfant, les dérivés mercuriels et iodés, et les produits colo-  
rés), pansements humides ;  
des gestes de parage, d’excision de bulles, de lésions nécrotiques, d’une  
zone infectée.  
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Éruptions  
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•
Rétablissement de l’hémodynamique par remplissage vasculaire.  
Thérapeutiques diverses selon l’étiologie suspectée :  
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antibiothérapie (β-lactamine, par exemple) ;  
antiviraux (aciclovir) ;  
adrénaline, corticoïde, antihistaminique.  
Antalgiques, antipyrétiques : paracétamol.  
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Réchauffement.  
Vérifier la vaccination antitétanique.  
Surveillance – Évaluation  
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Surveillance des paramètres vitaux : elle se justifie pour les patients pré-  
sentant des signes initiaux de gravité et ceux qui potentiellement peu-  
vent s’aggraver.  
Surveillance des traitements administrés, de leur tolérance et de leur  
efficacité.  
•
•
Soutien et information du patient et de la famille.  
Des conseils doivent être prodigués pour la réalisation des soins locaux.  
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